Un album tout en #couleurs très #British paru au #tournantDuSiècle.
Ecrit et dessiné par #GeorgeAlgernonFothergill dit #GAF.
On y fume des #cigarettes, on y #chasse, on y cause #Fashion.
D’anciens élèves de #Cambridge s’y cassent beaucoup la #margoulette mais toujours tirés à quatre #épingles.
Pour ceux qui n’ont pas non plus le temps mais qui le prennent quand même!
Sirène du comté de Durham |
Il n’y a peut-être pas qu’en Grande-Bretagne que l’on trouve des gugusses de l’acabit de Fothergill, mais l’excentrique Albion en produit tout de même un sacré paquet.
Voilà un homme qui, à la fin du XIXe s., fait sa médecine à l’université d’Edinburgh, devient médecin et s’installe à Darlington dans le comté de Durham au nord-est de l’Angleterre. Tout semble donc under control jusqu’à ce qu’il réponde à l’appel des sirènes, j’ai nommé la trépidante et très mondaine vie sportive du patelin. George fait alors valser son stéthoscope et se met à furieusement tailler ses crayons et ses plumes. Il veut, il va devenir le mémorialiste des sportsmen, ses nouveaux dieux.
Et pour cause. Des initiales de son nom G.A.F., George Algernon Fothergill avait fabriqué son nom de plume, donné des caricatures à Vanity Fair et fait publier quelques ouvrages, dont cet enthousiasmant Old Raby Hunt Club album. Les 63 lithographies qui le compose sont d’une grande qualité, transcrivant fidèlement le visage et les silhouettes de chaque cavalier et, dans le même temps, réussissant à leur donner un je-ne-sais-quoi de spirituel qui trahit le caractère de chacun. Passons sur l’historique du club. Résumons-le à l’irrépressible besoin des chasseurs de refaire le monde cynégétique, de choquer leurs verres à whisky et leurs pintes de bières tièdes et de fumer en agréable société.

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Downtown Abbey? Politiquement correct |
Dans les textes savoureux qui accompagnent ses portraits, GAF donne aussi des indications de généalogie, précise les possessions terriennes de ses modèles et indique leur métier, mais uniquement quand cela rajoute du sel à ses évocations. Il insiste par exemple sur la carrière militaire de Charles Michell qui, cela dit en passant, « smokes just a little ». Il faut dire que ce captain des King’s Royal rifles participa à la remuante capture du turbulent Cetewayo, avant-dernier roi du Zoulouland. Aux murs du militaire, un bouclier africain hérissé de lances voisine une queue de renard. Michell arbore de classiques knickers à carreaux. Mais le revers de ses chaussettes présente un motif à losange plus exotique.
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Cetewayo versus Michell |
GAF affectionne les célibataires et les hommes mariés, à condition qu‘ils le soient à des sportswomen. Gurney Pease a la chance d’avoir épousé la femme ad hoc: Mrs Pearse chasse et chérit à l’égal de mari, chiens et chevaux. De son côté, poor « Charlie » – non pas Brown mais Hunter – a trois filles, mais grâce à Dieu, toutes trois sont de fieffées chasseresses. Quant à l’état marital des autres, il est somptueusement passé à l’as.
Poloboy |
Sugarman |
Si GAF indique le lieu des études, Oxford, et le plus souvent Cambridge qui est moins
éloigné du comté de Durham, c’est surtout pour énumérer les sports que les sportsmen y ont pratiqués : football, cricket, gymnastique, tennis et polo. Même cette grande perche d’Herbert Pike Pease s’entêta à donner des jambes, monté sur de trop petits doubles poneys de polo (3).
Au travers de ces courts textes mi-sérieux, mi-espiègles, on sent le profond amour de tous ces gaillards pour leur morceau d’île, pour la chasse, la campagne, leurs chevaux et bien sûr leurs chiens. Il faudrait même plutôt parler de monomanie canine, de celle qui pousse “Jed” Backhouse à distribuer tous les jours plus d’un demi-kilo de sucre à ses « chiots de chasse, ses caniches, ses terriers et sa whippet ». A voir ce Sugarman vêtu à la croque-mort, cela ne nous serait pas venu naturellement à l’esprit. Herbert Straker lui, exige que dans la salle à manger, le matin, soit dressée une table d’appoint où tous les restes du petit-déjeuner est immédiatement servi aux chiens de la maison. Lucky ones ! Et on ne parle pas de Willy Wharton qui a fait empailler les têtes de ses meilleurs chiens dont Workman au nez anormalement court. Il avait été mordu au chenil par une mère furibarde, ce qui ne l’empêcha pas de devenir un « worker » hors-pair et de finir accroché aux murs de Willy.
Même pas mal! |
Durs à cuire ces foxhunters ? Sans doute mais coquets aussi ! George Algernon Fothergill ne manque pas une occasion de vanter la qualité des bottes de l’un, la manière de porter sa veste toujours ouverte ou très longue sur le derrière de ceux-là, de souligner l’adoption de la veste vert “grasshopper” de cet autre. Sir William Chaytor qui, quant à lui, porte des lunettes, préfère « être immortalise sans ».
Ce dandysme cynégétique cache souvent une sensibilité véritable, le goût des roses et des œuvres d’art, l’amour de la poésie et la musique. La finesse
Du vert « grasshopper » sinon rien! |
Les boutons de Bob |
L’histoire fait disparaître des radars George Algernon Fothergill en 1908. La rumeur le fait mourir en 1945 dans le Sussex. Il semble que personne ne lui ait couru après quand il quitta précipitamment Darlington. Nous voulons y voir l’ultime élégance de ces messieurs du comté envers celui qui sut, si bien, si drôlement, si tendrement les immortaliser.
George Algernon FOTHERGILL. An Old Raby Hunt Club Album.
Edinburgh, George Waterston & Sons, 1899,
In-folio, reliure éditeur abimée.
NOTES
2 “he says he only takes snuff to make himself sneeze”.
3“At Trinity Hall, Cambridge, Pike’s Pease poor polo ponies played polo, punished well by his height”.
4 “He prefers the saddler to any arm-chair any day”